Persona Everyware - 2020

Exposition collective / Group exhibition, Le Lait, Albi
Commissariat / Curators: Anne-Lou Vincente et Raphaël Brunel / What You See Is What You Hear et Antoine Marchand.

Persona Everyware

Vue de l'exposition / View of the exhibition Persona Everyware
(De gauche à droite / From left to right) Guillaume Constantin, Anouk Kruithof, Ingrid Luche, Eleni Kamma.



140x140_nasim-IL-bleue

NasimeSabz (Foulard) [prototype] - 2019
Impression sublimation sur polyester / Sublimation printing on polyester
700 x 150 cm
Production : 40mcube - Cnap

→ Détails de l'œuvre / Details of the work



Persona Everyware

Vue de l'exposition / View of the exhibition Persona Everyware
(De gauche à droite / From left to right) Kevin Desbouis, Ingrid Luche, Anouk Kruithof, Eleni Kamma.



Persona Everyware

Tee Black Nasim - 2018 (Techniques mixtes) et Tee White Nasim - 2018
Impressions numériques recto-verso sur tee-shirt jersey de coton, accessoires Broche Made In China, coton, plastique, métal - branche en bois, métal. / Two-sided digital prints on cotton jersey t-shirt, accessories Made In China brooch, cotton, plastic, metal - wooden branch, metal.
ca. 75 x 55 x 10 cm, avec support ca. 125 x 55 x 10 cm



Persona Everyware

Persona Everyware

Les (Californian) Ghost Dresses - 2020
Châle Schwarzee 02, 2018 (Techniques mixtes) - Green Nassim, 2018 (Techniques mixtes) - Accessoires (brassard, lunettes Air France, porte-badge 1, santiag d'or), 2019 (Techniques mixtes) - RP-IL 01, 2018 (Techniques mixtes) - RP-IL 02, 2018 (Techniques mixtes) - RP-IL 03, 2018 (Techniques mixtes) - Accessoires (écharpe plissée 1 & 2, broche Made in China), 2019 (Techniques mixtes). / Shawl Schwarzee 02, 2018 (Mixed techniques) - Green Nassim, 2018 (Mixed techniques) - Accessories (armband, Air France glasses, badge holder 1, gold cowboy boot), 2019 (Mixed techniques) - RP-IL 01, 2018 (Mixed media) - RP-IL 02, 2018 (Mixed media) - RP-IL 03, 2018 (Mixed media) - Accessories (pleated scarf 1 & 2, Made in China brooch), 2019 (Mixed techniques).



©Photographies Phœbé Meyer



L’« Infosphère » est le terme employé par certains théoriciens de l’information pour qualifier notre environnement médiatique, dont l’intensité n’a de cesse d’affecter et de reconfigurer nos réalités et nos identités. Elle englobe l’ensemble des opérations et des interactions effectuées par des agents humains ou non-humains sur la masse des documents disponibles, quelle qu’en soit la nature. Si les récits oraux, l’imprimé ou la radiophonie participent au maillage de ce canevas complexe, le développement du numérique et de ses technologies, qui plus est portables, a eu un effet accélérateur en rendant possibles pour chacun la production et le partage de contenus. Ainsi, pour Luciano Floridi, l'être humain serait désormais avant tout caractérisé par sa capacité à générer et à diffuser des informations. Publier en ligne des textes, images ou vidéos, à caractère personnel voire intime, des opinions ou le produit de recherches spécifiques consiste dès lors à les rendre publics ou du moins, accessibles à une communauté à géométrie variable d’usagers disséminés.

Cette exposition se penche sur la manière dont certains artistes s’emparent ou manipulent cet amas de données et d’affects, travaillent avec (et parfois contre), tentent de les rendre (in)visibles, de redonner une voix ou une présence physique à des contenus trop souvent considérés comme immatériels. Il s’agit pour eux de mettre en perspective le potentiel esthétique, poétique ou performatif de nos interactions quotidiennes. Cette approche prend également une tournure politique et critique dans un contexte où nos données personnelles ou nos comportements les plus divers — que certains, comme Evgeny Morozov, envisagent sous l’angle du bien commun — font l’objet d’une collecte intensive menée par les GAFAM, auteurs ou relais d’une stratégie de surveillance à grande échelle à des fins économiques et politiques.

Qu’elles reposent sur l’extraction d’informations préexistantes ou visent à intégrer le grand mouvement numérique, les œuvres de ces artistes jouent bien souvent le rôle à la fois de récepteur et d’émetteur. Elles initient une nouvelle situation d’énonciation ou une formalisation dans lesquelles l’adresse se fait tour à tour directe ou plus ambiguë. En abordant Internet, et en particulier les réseaux sociaux, autant comme le lieu d’une expression subjective ou d’une écriture de soi que comme un espace public et une scène de théâtre, elles interrogent les rapports que l’individu entretient avec sa propre image et la société. Se dessinent alors les relations subtiles entre un « je » et un « nous » qui ne cessent de se reconfigurer l’un par rapport à l’autre. De ce theatrum mundi tout en flux et jalonné d’écrans, surgissent ici et là les visages masqués de quelques persona, à travers lesquels se croisent et s’hybrident l’intime et le collectif, le privé et le public, le réel et la fiction, le sensible et la technologie.

Persona Everyware brings together the works of eight artists around issues to do with the common good, anonymity, and (de)construction of the identity in the digital age : videos, installations and drawings are on view in the rooms at the Hôtel Rochegude.

Many artists, who are keenly aware of the place occupied in contemporary life by the digital technologies, the development of artificial intelligenceand the use of social networks, are exploring the challenges of these new communication tools and practices.
By increasing the amount of apparatus connected to our disposition, ubiquitous computer technology, or ‘everyware’ (a contraction of everywhere and hard/soft­ware), to borrow Adam Greenfield’s term, has made it easier for all of us to have access to information and data, everywhere and all the time.
Everyware has also played a part in spee­ding up the transmission and distribution of texts, images, and videos of a more or less personal nature. It makes it possible to express an opinion, exchange views, and criticize, as well, in a certain way, as “printing” the movements of society. The huge volume of data exchanged on a daily basis thus traces a media- and “infosphere-“related environment, whose intensity is forever influencing and reconfiguring our realities and our identities.
The artists in the exhibition Persona Everyware appropriate and handle this mass of data and affects, work with (and at times against) them, try and make them (in)visible, and restore a voice and a physical presence to contents that are too often regarded as immaterial. What is involved, for them, is lending perspective to the aesthetic, poetic and performative potential of our everyday interactions.
In dealing with the Internet, and with the social networks in particular, as much as an arena of a subjective mode of expression or a form of ‘self-writing’ as a public space and a stage, they ques­tion the relations that the individual has with his own image and society. Subtle relations are thus made bet­ween an “I” and a “we”, which are being constantly reconfigured in relation to each other.
From this theatrum mundi, which is in a total state of flux and staked out by screens, there emerge here and there the masked faces of one or two per­so­nae, through which the intimate and the collective, the private and the public, reality and fiction, and sensibility and technology overlap and merge.